« L’être humain dépend de ses dents. » Cette phrase est pour Klaus Neuhaus plus qu’une simple devise dans son cabinet. Elle décrit une attitude. « Nous ne soignons pas des dents, mais des personnes qui ont des dents », précise-t-il. Pour lui, cela signifie que chaque patient doit être considéré dans sa globalité, avec son histoire, ses craintes et son environnement. Il y a une différence entre dire « pulpite sur la dent 46 au fauteuil » et « madame X est au fauteuil, elle a une pulpite sur la dent 46 depuis plusieurs jours, elle souffre, a du mal à dormir et s’occupe en même temps de sa mère en perte d’autonomie ».
Le cabinet familial accompagne des patientes et des patients « de 1 à 99 ans ». « Nous accompagnons les gens tout au long de leur vie, c’est pour moi le plus bel aspect de notre métier », raconte Klaus Neuhaus. Cette relation de confiance à long terme est un vrai privilège à ses yeux, et une force qui le motive à apprendre à chaque rendez-vous.
Depuis quinze ans, Klaus Neuhaus s’occupe de la plupart des enfants dits « papillons » en Suisse. Ce sont des enfants atteints d’une maladie héréditaire rare qui rend leur peau extrêmement sensible et sujette aux blessures même par léger contact. Marqué par son expérience du service civil dans un établissement pour personnes handicapées, Klaus Neuhaus s’engage à rendre ces personnes vulnérables plus visibles. Sa participation à la coédition et à la rédaction de l’ouvrage spécialisé « Die zahnmedizinische Behandlung von Menschen mit Special Needs » (le traitement dentaire des personnes ayant des besoins particuliers) témoigne de son engagement. Selon lui, trois éléments sont nécessaires à la bonne prise en charge d’enfants ayant des besoins particuliers : l’empathie, la créativité et de solides compétences professionnelles. « Il ne faut pas donner l’impression d’être pressé et ne pas vouloir à tout prix un résultat immédiat », affirme-t-il. Pour gagner la confiance des enfants, il convient d’instaurer le calme et un climat qui leur est propice.
Autre facteur clé cité par Klaus Neuhaus : la gestion du temps. « Nous avons six fauteuils de traitement. Si l’on prévoit six changements de patients toutes les heures, on ne fait que générer du stress. Je préfère prévoir un peu plus de temps et, si possible, prendre les patients ayant des besoins particuliers en fin de journée. »
Sur le plan méthodologique, Klaus Neuhaus a recours à des approches connues et éprouvées : dire – montrer – faire, distraction par un téléviseur au plafond et sédations personnalisées, voire anesthésie par intubation si la situation l’exige. « Réussir à distraire le patient, c’est déjà faire la moitié du chemin », explique-t-il. L’attitude reste importante : pas de succès immédiat obtenu de manière forcée, pas de gestes précipités, mais une attitude détendue, car les enfants, notamment, se laissent gagner par le calme.
Klaus Neuhaus s’engage également dans la formation initiale et postgrade. Son cabinet est le seul en Suisse à être accrédité par la SSO pour la formation postgrade en médecine dentaire générale et en médecine dentaire pédiatrique. Il combine ainsi de manière particulière la pratique quotidienne et l’enseignement. « Je suis un grand adepte de l’enseignement au fauteuil – les étudiants en apprennent souvent plus directement au fauteuil que dans un cours magistral », souligne-t-il.
Son objectif est de donner un enseignement proche de la pratique, fondé sur des preuves, et de montrer l’exemple. « Il faut incarner l’empathie. »
comptent : « Le plus beau, c’est quand les patients qui avaient peur auparavant reprennent confiance et reviennent. » Ce sont ces rencontres qui lui permettent de véritablement mesurer le succès de son travail. Elles montrent chaque jour à quel point la patience et la compassion sont efficaces en médecine dentaire.
