Dans ce cabinet du district 4 de Zurich, il n’est pas rare d’entendre parler le syriaque, le farsi, l’hébreu, l’ukrainien ou le kurde. La diversité linguistique dont dispose l’équipe qui entoure Stephan Baumgartner est impressionnante. C’est l’une des raisons pour lesquelles la clinique est régulièrement contactée par les centres de transit pour requérants d’asile ; elle fait figure de centre de conseil. « Nos patients viennent du monde entier. Pour ce qui est de l’asile, ils sont issus des foyers de crise actuels », explique Stephan Baumgartner. Il ajoute qu’une certaine flexibilité, de la rapidité et des connaissances linguistiques appropriées sont indispensables, en particulier pour le triage dentaire.
Les personnes qui se réfugient en Suisse ont droit à des soins dentaires d’urgence, pour lesquels des dispositions légales claires s’appliquent toutefois : « La médecine dentaire dans le domaine de l’asile est une médecine dentaire de transition qui doit être simple, adéquate et économique », explique le médecin-dentiste. Les critères de traitement pour les requérants d’asile sont encore plus stricts que ceux définis pour les personnes qui dépendent de l’aide sociale publique.
Plusieurs difficultés se présentent lors d’un traitement dispensé aux personnes réfugiées : « Malheureusement, la santé bucco-dentaire est souvent mauvaise. » Les boissons sucrées et une hygiène bucco-dentaire insuffisante mènent à des constats délicats, affirme Stephan Baumgartner. De plus, l’accès aux produits d’hygiène bucco-dentaire n’est pas toujours garanti sur les longs trajets effectués pour fuir. Outre les soins dentaires d’urgence, Stephan Baumgartner considère aussi qu’il contribue à l’intégration, la compréhension et la gestion psychologique des traumatismes. « On retrouve un stress traumatique chez de nombreux requérants d’asile », explique le médecin-dentiste.
Au terme de ses études à l’Université de Zurich et d’expériences à la clinique dentaire scolaire de Winterthour ainsi que dans deux cabinets privés, Stephan Baumgartner s’est mis à son compte. Depuis, il propose dans sa clinique une large palette de traitements et s’engage dans de nombreuses niches de la médecine dentaire, dont fait non seulement partie le traitement d’urgence des requérants d’asile, mais aussi la prise en charge des enfants et des adultes atteints de troubles du spectre de l’autisme ou encore la médecine dentaire gériatrique et palliative. Stephan Baumgartner a également fondé Flying Dentist, « les médecins-dentistes volants », un service de soins dentaires mobiles pour les personnes handicapées ou âgées.
Ses différents engagements, Stephan Baumgartner les voit comme des enrichissements. « Notre clinique nous permet de faire de nombreuses rencontres », souligne-t-il. Et d’ajouter que l’une de ces rencontres a débouché sur un événement heureux dans son propre cabinet : « Deux jeunes demandeurs d’asile syriens que nous avions rencontrés ont envoyé une candidature spontanée et nous avons pu leur proposer à tous les deux une place d’apprentissage », raconte-t-il. Il arrive aussi régulièrement que des patientes sortent du système financier de l’asile et volent de leurs propres ailes. Il en résulte souvent une collaboration à long terme. « Ce sont bien sûr de belles histoires que nous vivons ensemble », conclut-il.