Que recouvre la prophylaxie ?
L’alimentation est un pilier majeur de la prophylaxie bucco-dentaire. D’une manière générale, un régime pauvre en sucre est recommandé. Il faut en particulier veiller à éviter les sucres cachés et les acides présents dans certains aliments et certaines boissons. La fréquence et la durée de consommation d’aliments et de boisson ont aussi une influence décisive sur la santé bucco-dentaire. Le fluorure est un autre pilier important. Le fluorure est essentiel pour la reminéralisation de l’émail dentaire. En Suisse, ce pan de la prophylaxie est couvert par les produits d’hygiène bucco-dentaires fluorés et le sel de table fluoré. Enfin et surtout, l’hygiène bucco-dentaire est un pilier crucial de la prophylaxie. Choisir les bons produits, suivre une bonne technique de brossage et un nettoyage professionnel régulier (détartrage) sont la base d’une bonne santé des dents et du parodonte.
Quels conseils donnez-vous à vos patients en matière d’alimentation ?
Un point important sur lequel j’attire régulièrement leur attention est la nocivité des boissons sucrées. Bien que conscients du risque que celles-ci font courir à leur santé bucco-dentaire, les patients n’y pensent trop souvent plus lorsqu’ils sont pris dans le tourbillon du quotidien. C’est pour cette raison qu’il est important de le répéter inlassablement. Il en va de même pour le risque d’érosion lié à la consommation d’aliments acides. Les patients n’en sont pas toujours conscients. Quant aux adeptes du véganisme, j’attire leur attention sur le fait qu’une consommation élevée d’aliments crus exige une mastication plus forte, ce qui entraîne souvent une abrasion accélérée.
Et pour les enfants, leur donnez-vous des conseils spécifiques en matière d’alimentation ?
Une alimentation pauvre en sucre est aussi prioritaire pour les enfants. Les sucreries sont souvent très collantes et restent dans la bouche plus longtemps que ce qui serait souhaitable. Pour cette raison, les parents devraient privilégier pour leurs enfants les douceurs qui arborent le symbole du « bonhomme Quenotte », autrement dit qui ménagent les dents. Pour ce qui est des boissons, je leur recommande de boire de l’eau ou du thé non sucré.
Qu’est-ce qu’il faut éviter à tout prix en matière de boisson ?
Les boissons sucrées consommées en petites portions tout au long de la journée. Il y a également les boissons énergisantes qui sont bourrées de sucre et dont la fraîcheur gustative est due à un pH bas.
Quels produits recommandez-vous à vos patients pour leur hygiène bucco-dentaire quotidienne ?
Le choix est très individuel. Il dépend de l’âge du patient, de ses capacités motrices, le cas échéant des restaurations existantes telles que prothèses ou ponts, de l’arrangement et de la position de ses dents ainsi que de son risque de carie et de parodontite. L’usage d’un dentifrice fluoré est recommandé. Le choix de la brosse à dents et des produits de nettoyage interdentaires varie en fonction des caractéristiques susmentionnées.
Est-il recommandé de brosser ses dents après chaque repas ?
Pour une bonne hygiène bucco-dentaire, les adultes devraient se brosser les dents deux fois par jour, dont une fois avec un nettoyage des espaces interdentaires. En revanche, les dents des enfants nécessitent un brossage après chaque repas.
Quelles erreurs ne faut-il pas commettre ?
L’erreur principale réside dans le manque de persévérance. Les patients ne prennent pas le temps nécessaire pour un brossage optimal. Une mauvaise utilisation des accessoires de nettoyage, comme c’est le cas avec la très répandue technique des va-et-vient latéraux vigoureux, peut entraîner d’importantes altérations des tissus durs et mous.
Combien de temps faut-il compter pour un nettoyage professionnel des dents ?
Cela dépend aussi de plusieurs facteurs. Une séance dure plus longtemps avec un nouveau patient qu’avec un patient habitué. Il faut également plus de temps pour motiver un patient dont l’indice de plaque est élevé à s’astreindre à une hygiène bucco-dentaire adaptée. Il faut en outre compter plus de temps pour les patients atteints de gingivite ou de parodontite. Cela dit, il faut prévoir environ 50 minutes pour un cas normal.
À quelle fréquence les patients viennent-ils chez vous pour un nettoyage professionnel ?
Cette fréquence dépend notamment de l’indice de plaque, du BoP (saignement au sondage), de la présence de poches et de leur profondeur, des restaurations et implants existants et de leur nombre, de la présence de caries actives, de facteurs comportementaux tels que le tabagisme, de facteurs systémiques, mais aussi de l’usage de certains médicaments. Ces facteurs influent sur le risque de carie et de parodontite.
Quel est le déroulement d’une séance ?
Je commence toujours par l’anamnèse. Puis je me renseigne sur les souhaits du patient. S’il est d’accord, j’applique un révélateur de plaque par coloration. Ensuite, je mesure les profondeurs de sondage et le BoP. Au besoin, j’effectue des radiographies. Une fois recueillies, toutes ces informations me permettent de poser un diagnostic et de procéder à une évaluation des risques. Je motive et instruis ensuite le patient à l’hygiène bucco-dentaire, puis nous discutons de ses problèmes particuliers. Ce n’est qu’après que je commence le traitement : aéropolisseur, ultrasons, instruments à main et pâte de nettoyage et de polissage.
Comment enseignez-vous la bonne technique de brossage ?
Je commence toujours par placer le patient face à un miroir et je lui demande de me montrer comment il s’y prend. Ensuite, je fais une démonstration de la bonne technique de brossage, ciblée sur ses problèmes. Il est important de ne pas vouloir bouleverser son programme de brossage. Cela ne fonctionnerait pas. Le patient n’est pas en mesure de mettre en œuvre un trop grand nombre de nouvelles instructions. Il lui faut du temps pour changer des habitudes profondément ancrées.
Quelle est la meilleure manière de net- toyer les reconstructions conjointes ?
Outre les besoins individuels du patient déjà abordés, ce sont surtout sa motivation et l’emplacement des reconstructions conjointes qui déterminent la meilleure technique. De la brosse à dents sonique à la brossette interdentaire, en passant par le duofloss ou le trifloss, ou encore la brosse monotouffe, tout est envisageable.