D’où vous vient cette peur de vous rendre chez un médecin-dentiste ?
Lorsque j’étais enfant, j’ai dû me rendre plusieurs fois chez le dentiste pour me faire arracher des dents. Je ne me souviens plus précisément pour quelle raison. Ce dont je me souviens en revanche très bien, c’est que cela a été un vécu traumatisant. Je me suis senti complètement vulnérable et impuissant. Ce ressenti m’a tellement marqué que, même adulte, je n’arrive pas à m’en défaire.
Combien de fois vous êtes-vous rendu chez le médecin-dentiste depuis l’école obligatoire ?
J’ai parfois attendu dix ans entre deux visites. Je ne consultais que lorsque j’avais de fortes douleurs ou une dent cassée. Les souvenirs traumatisants de mes visites chez le dentiste durant mon enfance m’ont conduit à refouler tout ce qui a trait à la santé bucco-dentaire. Je n’ai jamais eu très envie de me brosser les dents et surtout pas de me rendre au cabinet pour des contrôles périodiques ou des détartrages.
Par quels symptômes physiques cette peur se manifeste-t-elle et à partir de quel moment se manifeste-t-elle ?
La torture commence déjà dans la salle d’attente. Je ne parviens pas à rester tranquille, j’arpente le corridor et mon pouls se met à accélérer. Ma tête devient toute rouge et je sens ma tension artérielle augmenter fortement. Les émotions que j’ai ressenties étant enfant refont surface. Je me sens de nouveau complètement vulnérable et impuissant. La panique me gagne. Il est même arrivé que je quitte le cabinet à ce moment-là déjà.
Qu’est-ce que le médecin-dentiste pourrait faire pour vous aider ?
Le simple fait de prendre le téléphone pour appeler le cabinet me demande de gros efforts. Pouvoir prendre un rendez-vous en ligne m’aiderait sans doute un peu. Pour moi, le premier contact personnel à l’accueil est déjà déterminant. Si je suis accueilli chaleureusement par des mots de bienvenue bienveillants, je parviens mieux à me dominer et à passer à la salle d’attente. De plus, je préfère les cabinets dont l’apparence n’est pas trop austère et stérile. Avant le début des soins, avant même qu’il mette des gants et un masque de protection, j’ai besoin que le médecin-dentiste me parle. Cela me permet de m’informer sur le déroulement des soins et réduit mon sentiment de vulnérabilité et d’impuissance.
Avez-vous déjà discuté de votre stomatophobie avec quelqu’un ? Est-ce que cela vous aiderait ?
Je n’en ai parlé que très rarement. De toute manière, les personnes avec qui j’ai voulu en discuter m’ont toutes répondu qu’elles n’aiment pas non plus aller chez le médecin-dentiste. Me sentant incompris, j’ai chaque fois changé de sujet.
